Une nuit sur la grande muraille
Aller jusqu’en Chine en vélo (tutututu, pas de commentaires désobligeants s’il vous plait) et ne pas s’attarder un poil sur la grande muraille serait au mieux un oubli, au pire un errement philosophique majeur puisque chacun sait depuis 2007 que celui qui grimpouille le tas de pierres acquiert la bravitude. Enfin, passées les quelques secondes de néant intellectuel que vous venez de traverser sans turbulences, un peu de culture wikipedia nous fera le plus grand bien :
La grande muraille ou 長城 pour les intimes mesure 6 à 7 mètres de haut, 4 à 5 de large sur 6300 ridicules kms + 360 kms de tranchées bonus et 2200 kms de barrières naturelles (pfffu, trop facile…) Construite entre le IIIè siècle avant JC et le XVIIè siècle afin d’empêcher les invasions mongoles qu’elle n’arrêtera jamais, la muraille est aussi qualifiée de plus grand cimetière du monde avec une moyenne honorable de 1500 morts au kilomètre. Je vous laisse à vos calculettes. D’autre part, contrairement à la rumeur, elle ne se voit pas depuis l’espace car sa largeur n’excède pas celle d’une autoroute.
Certains tronçons à visiter sont littéralement bondés de touristes et nous souhaitions avoir une expérience différente de l’édifice. Après quelques recherches sur internet, nous trouvions sur ce site et ce forum l’idée d’un petit trekk sur les parties non ouvertes au public. Hop, un bus et un taxi vilement négocié plus tard, nous voici arrivés à Xishui où nous devons maintenant trouver l’accès à la muraille abandonnée au milieu de la forêt. Nous naviguerons quelques temps dans les sentiers sans succès et finirons par couper court dans la vallée en direction de l’objectif. Une petite demi-heure plus tard, nous atteignons un mur visiblement rénové que nous n’avons aucun mal à surmonter pour enfin, jouer à qui descend finit par grimper. Car se promener là-dessus n’a pas vraiment l’effet reposant d’une ballade en Dombes et nous tombons rapidement nez à nez avec des escaliers aux allures de murs d’escalade. Fi! On attaque les tronçons sans peur et sans reproche, les mollets aiguisés, les aisselles suantes. Nous sommes rapidement épuisés mais diantrement heureux de notre isolement et des paysages qui commencent à se dessiner devant nous.
L’affaire se corse quand le mur s’arrête brutalement. Nous n’avons d’autre choix que de contourner l’obstacle et de descendre dans le lit de la rivière en contrebas. Seulement il faut maintenant remonter la bête et le mur à 90 degrés qui se dresse devant nous ne s’annonce pas des plus sympathiques. Nous sortons la corde achetée pour palier à ce genre de problème vertical et nous désaltérons avec quelques gorgées de la rivière qui nous semble claire et buvable à raison d’être potable. Premiers pas : Alex monte en premier pour hisser les sacs derrière, les pierres glissent, je manque d’en prendre une en plein mouille, la corde est trop courte (5m)… Economies de bout de ficelle (ou plutôt de corde) qui nous vaudront d’escalader les sacs sur le dos, les doigts agrippés à la moindre faille pour ne pas se vautrer bêtement et remporter un Darwin Award prématurément.
La suite est plus sauvage. Les parties rénovées cédant la place à la nature, nous sommes transportés en plein épisode d’Allan Quatermain et parvenons mal à différencier si nous marchons encore sur la fortification ou au milieu des bois. Quoiqu’il en soit, nous arrivons à une des nombreuses tours jalonnant le tracé et décidons d’y établir notre « campement ».
Une soirée sereine auprès d’un feu et une nuit au grand air plus loin, nous sommes réveillés dès potron-minet par un groupe de randonneurs chinois.
Nous poursuivons notre petit périple quelques heures en contournant de belles collines scindant littéralement le mur en deux et piquons dans la vallée en direction d’un petit village en espérant trouver de quoi nous rassasier. Après manger, le chemin du retour est marqué par les détours inutiles que les locaux nous font prendre par leur incapacité à nous indiquer une direction correcte et nous choisissons finalement de remonter sur la muraille pour retrouver notre point de départ. Revenus à Xishui, nous battons notre record de 15 secondes d’attente de Slovénie en montant dans une voiture après avoir tendu le pouce deux petites secondes.
Finalement plus courte que nous l’avions prévue, nous sortons très heureux de cette expérience et conseillons à toute personne en bonne condition physique de s’essayer à la promenade illégale sur cette impressionnant édifice.
Mais ou trouvez vous le temps pour faire du montage vidéo … vous m’épatez. Vous prenez des tours de gardent quand vous dormez sur ces lieux insolites ? Histoire de pas finir en prison ?
Bravo, je voyage avec vos récit et m’imagine trop vous voir grimper ce mur … pas de vidéo la ?
Par contre Alex, petit bémol … c’est quoi ces ricochets ;)
Je continue ma lecture. Bonne route.
Si, évidemment qu’il y en a pour la grande muraille, mais je n’ai pas eu le temps de monter un seul bout de Chine pour l’instant. Et pourtant je n’ai jamais autant filmé :)
Non pas de tours de garde la nuit. La tour de garde dans laquelle on a dormi justement était suffisamment éloignée de la civilisation pour ne pas être emmerdés en pleine nuit !
Et puis quoi, ça ricoche non ? Le dernier c’est super subtil il ricoche hors champ….
Virez moi ce cadreur alors .. lol
Au fait, sympa le bronzage ;)
Voici ce que dit votre lien sur les » Darwin Award » :il conviendrait de considérer l’éducation et le modèle parental comme vecteurs de transmission de la stupidité et de l’inconscience du danger aux descendants » ==> il ne manquerait plus que ça !!! Evitez de récolter ce genre de distinction …
cet impressionnant édifice.