Les tubercules de Yangshuo
Il nous reste un mois à passer en Chine, le dernier tiers. Après notre petit périple à vélo jusqu’à Zhuzhou il était évident que nous devions prendre le train de nouveau si nous voulions avoir le temps de faire ce que nous avions prévu. On a également légèrement modifié notre itinéraire. Nous voulions passer par Baise, une ville chinoise, et en profiter pour faire un nouveau reportage à la con autour de ce nom sulfureux. Il n’en sera point, tant pis.
Les vélos ont donc retrouvé leur sac une fois de plus pour un voyage en train jusqu’à Guilin, ville proche de Yangshuo, notre destination, où Google nous a promis de bien beaux paysages. Ce malicieux moteur de recherche n’a pas menti, ça envoie du gros steack par ici.
Yangshuo est bien connue pour ses montagnes karstiques au milieu desquelles serpentent la rivière Li. C’est en gros une grande plaine parsemée de rizières sur laquelle sont plantés de gros tubercules montagneux blindés de bambous. Double avantage pour nous cyclistes : on en prend plein les mirettes et surtout c’est globalement assez plat ! Inutile de préciser que profiter de paysages vallonnés sans se déglinguer les cuisses est un luxe non négligeable. Accessoirement les véhicules klaxonnent beaucoup moins que d’habitude dans cette région et c’est un immense soulagement.
Nous partons donc à l’aube midi, comme d’habitude, en direction d’un village de pêcheurs nommé Liu Gong. On cherche les pêcheurs… Niet. En revanche les bateaux de touristes ne manquent pas. Le prix doublé du Coca nous rappelle que ce foutu village doit être dans tous les LonelyPlanet et Routard. En revanche ce coquinou de Google ne nous a pas signalé que la partie la plus intéressante se trouve Après Liu Gong, ce qui tombe plutôt bien étant donné que nous nous dirigeons dans un bled plus lointain pour le lendemain. Nous continuons notre petit périple parmi les rizières où les locaux nous seront d’une grande aide pour nous indiquer quel chemin de terre emprunter. Il est 17h, le soleil commence à descendre à l’horizon, jouant avec les montagnes en projetant de belles ombres sur la plaine. Les couleurs se réchauffent et l’appareil photo aussi. Chaque vue vaut sa carte postale ou un mois du calendrier PTT si vous préférez. Cette région fait partie du top 3 de ce que nous avons vu jusqu’à présent, aux côtés des paysages mongoles et de la muraille de Chine.
On fini par trouver un pont pour regagner la route principale, blancs de poussière soulevée par les camions et nous pédalons jusqu’à Gongcheng où nous passons la nuit. 70 rmb la chambre double, notre record.
De là nous n’avons plus qu’une dizaine de kilomètres pour atteindre Ping’an et voir les fameuses rizières en terrasse (également dans le calendrier PTT). Malgré que ce soit apparemment un site connu, nul panneau n’indique la direction, nous obligeant à harceler un chinois tous les 200m. Nous restons bredouilles après 2 heures à tourner dans et autour du fameux village. Aucune rizière, seulement des arbres fruitiers. Un dessin improvisé de rizières en terrasse ne nous aidera pas plus à nous faire comprendre des locaux. Ces sacrés farceurs le tournent dans tous les sens et vont même jusqu’à explorer les autres pages du Moleskine, façon de dire « c’est quoi c’dessin à la con ? ». Greg tente un « Mifaa mifaa » (riz, riz), une vieille l’invite à prendre le thé. Échec.
Le fin mot de l’histoire c’est qu’on s’est planté de Ping’an.