Le Vietnam du haut
« Au Vietnam faut toujours marchander » « faut pas sourire, ça veut dire que tu es faible » « faut payer et partir avant qu’ils changent le prix, sans dire merci ou au revoir ».
Après tout ce qu’on a entendu sur ce pays, autant dire qu’on le redoutait un peu. Surtout après être passé deux fois au pays des bisounours Laos. On est habitués à marchander 2 secondes le temps que le vendeur redescende au prix normal, ne pas demander les prix au resto et se dire bonjour à grands coups de Sabaideeeee souriants.
Un mois de visa oblige, on file vers la frontière nord qui débouche sur Diên Biên Phu. Arrivés sur place, personne côté laotien. On tourne, on cherche, pas d’officiel, pas de costume. On en aperçoit, pas déterminés à venir nous tamponner notre passeport. Les tampons sont là, à portée de main : la date du jour en bleu, et le tampon « exit » rouge. J’en saisis un, la tentation est forte… Ah ! Un costume se ramène.
Papiers de la moto, passeports. J’apprends que mon visa est expiré et que ça me coûtera 10$ (deux sorties de Laos, deux fois la même erreur). Le bonhomme passe trois plombes au téléphone avec on ne sait qui et on ne sait pourquoi. *Pof pof*, tamponnés. Les 10$ nous aurons surement évité les frais officieux affichés genre officiels.
5 km plus loin, la frontière viet. Un douanier sympathique nous demande « I can change money if you have dollars, euros, kip… ». Bien joué gars, un bon moyen de savoir si on est candidats aux « fees » (des frais. Prononcer Fiz). « No need, no money, ATM Dien Bien Phu ». *Chbeum*. « You should…. If you need money like…. for fees…. ». Tiens, des « fees ». Jamais entendu parler. Sur ce s’en suit un long check de la moto qui a apparemment déjà passé cette frontière chevauchée par un autre blanc bec. « International driving license »… heu… le permis de Greg fera l’affaire. Les documents changent de main et on se retrouve dans un nouveau bureau avec un type qui ne parle que viet et fera une nouvelle molle tentative… pas très insistant. L’anglophone nous explique qu’il nous fait une fleur. On ne demande pas pourquoi, il espérait surement un petit billet en remerciement.
On descend la montagne à cheval pour enfin rencontrer des locaux et découvrir que ce pays promet. Les rizières sont saturées de vert et abritent quelques vietnamiens à moitié cachés, confondus par leur chapeau rond en pointe. Des buffles d’eau leur tiennent compagnie ou se trempent mollement dans un bassin boueux. Le site du LonelyPlanet introduit le Vietnam ainsi : « Bienvenue dans un monde où les couleurs sont plus vives ». C’est vrai, c’est beau.
Le deuxième jour un vietnamien au resto achète une bouteille d’alcool de riz et nous invite à la tomber à trois. Le premier contact avec les locaux nous plait.
En route pour découvrir les sites principaux de la bataille de Diên Biên Phu en suivant une… intuition, on se retrouve au milieu de villages de rizières où un militaire nous rattrape pour nous arrêter, l’air pas joyeux. Un autre plus sympa traduit : « Restricted Area ». Ah… Il y a effectivement un panneau bleu « BORDER AREA » mais aucun « Restricted » ou « Forbidden ». On a pour seul document le permis international de Greg. « You need an authorization ». On en a pas. Greg demande pour simplement faire demi-tour et l’anglophone nous fais comprendre que l’autre est un garde frontière et justifie son salaire en pêtant les roupettes d’autres gens (en extrapolant à peine).
Les gaillards refusent de nous raccompagner à notre guesthouse pour contrôler nos passeports. Devant l’impossibilité de sortir là, tout de suite, une imprimante pour leur imprimer un duplicata des passeports, le militaire lâche l’affaire et nous raccompagne au panneau pour bien nous faire relire qu’il n’y a ni marqué « restricted » ou « forbidden ». Bon bougre, il nous offre quand même une clope. Faut dire que des espions perchés sur une moto qui tire un vélo, dont un ressemble à un cro-magnon… c’était peu crédible.
Quelques centaines de kilomètres plus tard, nous bravons les rues de Hanoi les mains crispées sur nos guidons. Imaginez une rue peuplée de centaines de scooters conduits par des attardés suicidaires. On m’a dit que sur les routes vietnamiennes c’est la loi du plus gros. Je rectifie, c’est la loi du plus con. Le monde d’un scooter vietnamien se limite à « ce qu’il y a devant », et encore. Le « derrière » compte pour du beurre. C’est à dire que si le pèpère prend envie de piler au milieu d’une route bondée ou de virer subitement à gauche pour s’arrêter à son restau favori, rien ne l’en empêchera, sauf peut être un klaxon insistant (et surtout balancé au bon moment). Oui oui je sais, les distances de sécurité, tout ça… mais c’est pas vraiment possible ici. Paradoxalement, ce pays semble plus familier avec la sécurité routière que ces voisins. Pas mal de locaux font signe à Greg de mettre un casque ou pointent la corde entre la moto et le vélo du doigt en désapprouvant de la tête. Le comble c’est qu’un bon paquet de motards conduisent avec un casque sans lanière, ou passée par dessus le casque.
On passe presque une semaine à Hanoi, principalement pour redonner une nouvelle jeunesse à la moto, avant de mettre le cap sur la baie d’Halong.
On s’imaginait bêtement arriver sur place, poser nos séants sur une plage et admirer la vue. En fait il n’y a rien à Halong à part des restaurants, des hôtels et des rabatteurs pour des voyages en bateau à prix exorbitant. Ni rochers ni plages ! Googlemap nous apprend que les gros cailloux se trouvent de l’autre côté de la baie, entourant une île : Cat Ba Island. Le ferry coûte 20$. Ce sera sans nous.
L’autre façon de s’y rendre est de faire demi-tour et de prendre 2 ferrys, en passant par une autre île. Coût de l’opération : moins de 2€ (et encore moins pour Greg, à vélo). De l’ile on aperçoit finalement un bout de baie, mais ça reste très frustrant. Chaque hôtel s’improvise « Tourist information center » et essaye de vendre des excursions hors de prix en bateau. Notre « Tourist information center » personnel, Google, nous apprend qu’un ferry partant du nord de l’ile est une bonne alternative aux attrape touristes. Et c’est vrai, pour 50.000VND (2€), on peut admirer la baie d’Halong pendant presque une heure et être doublement satisfait d’avoir économisé 20$.
Ah au fait, la vidéo du laos est ici : http://vimeo.com/40652812