Le retour, ou la hantise du voyageur
La tête dans les étoiles
Le retour de voyage, ce moment tant redouté par les backpackers de plus en plus nombreux à travers le monde. Combien de voyageurs rentrent la mélancolie plein les tripes avec pour seule ambition de se casser le plus rapidement possible? Depuis bientôt deux ans que nous sommes rentrés de notre tour du monde, beaucoup nous demandent si nous n’avons pas le mal du voyage, l’envie de repartir faire un petit tour dans quelques contrées encore non explorées. Et la réponse en surprend plus d’un : « Pas vraiment, non. »
En 5 ans de voyage, nous avons eu le temps de cogiter de longues heures sur notre avenir, sur un éventuel retour, ou alors s’installer définitivement dans un pays. Au bout de quelques mois, les mirages asiatiques, Bangkok en tête, nous tendaient les bras. En 2013, nous étions à deux doigts de demander un visa permanent australien avant de découvrir une mentalité qui ne nous convenait pas. Un an plus tard, le rêve américain nous faisait chavirer. Et finalement, nous sommes rentrés en France, plutôt très contents de retrouver nos racines.
C’est en 2015 que l’idée de revenir définitivement s’est installée. Finalement, la France n’était pas si mal comparée à la moyenne. Et si l’herbe est parfois plus verte ailleurs, la pelouse française mérite encore qu’on s’y allonge. Redoutant ce retour après tant d’années d’indépendance et d’exotisme, je savais que je ne devais surtout rien regretter. Déjà, la soif de découvertes avait disparu et je commençais à ressentir une certaine lassitude à changer d’endroit en permanence, à ne jamais rien pouvoir construire sentimentalement et financièrement.
Il restait simplement à vivre les derniers mois d’aventures pleinement, et cela signifiait de me lancer un défi physique permanent jusqu’à l’arrivée, pour finir lessivé et être sûr de ne pas avoir pu faire plus. Parce que les regrets viennent de là : penser qu’on a raté quelque chose. Après la traversée du désert dans la péninsule arabique, mon retour depuis la Russie en hiver s’est déroulé dans des conditions chaotiques entre la neige, la pluie, la grêle, le brouillard et le vent de face. Plus les conditions empiraient, plus je devais forcer pour boucler ce périple, et plus je pensais que cela faciliterait mon adaptation après le retour. Je finissais au mental et dans de merveilleuses souffrances un voyage de 5 ans pourtant plus souvent placé sous le signe de la balade que du marathon. Mais à l’arrivée, je sais que j’avais poussé mon corps dans ses derniers retranchements et que je ne pouvais faire plus.
… et les pieds sur le carrelage
Alors aujourd’hui, quand je me tourne vers ces cinq années, je vois un voyage abouti qui a su trouver sa fin, et une expérience sur laquelle s’appuyer pour avancer. Le voyage a été une étape, un moyen de s’épanouir et de se lancer dans une nouvelle épreuve. Cette épreuve se nomme Donga, un négoce de matériaux en ligne spécialisé dans le carrelage pas cher. Fini les écritures de livre, les conférences et les récits de voyage, notre réalité est désormais du domaine de la céramique, parce que c’est désormais cette aventure qui nous excite.
Même si, dans un coin de nos têtes, l’échappée n’est jamais plus très loin.