Le Pékin moyen
L’arrivée de nuit masque encore l’épais brouillard qui envahira les rues de l’aube à la brune. Une chape de pollution que les locaux ne semblent plus remarquer et le soleil disparait chaque jour sans heurts.
Entre les immeubles flambants neufs, d’innombrables travailleurs à l’utilité obscure jonchent le bitume. Souvent munis d’un balais dont l’osier ne permet plus d’atteindre la poussière à chasser, parfois vautrés sur une chaise, assoupis entre deux files de voiture ou affublés de tee-shirts verts, jaunes et rouges indiquant lorsque le feu passe au vert, nos salvateurs cantonniers tuent le temps comme ils peuvent.
Enfin, la Chine semble vouloir faire profiter de la croissance à tous les pauvres erres du pays. L’hérésie économique de l’emploi fictif n’a visiblement pas encore pris le transsibérien.
En ville, la circulation nous rappelle nos plus belles heures roumaines et le joyeux boxon ambulant commence enfin à ressembler à l’Asie que nous cherchons : la jungle, le désordre, les odeurs, les rues débridées, les épices, les crachats de l’autochtone, l’honnêteté de l’Asiatique qui ne pige pas un broc de ce qu’on raconte. Car malgré les quelques petits trucs acquis pour communiquer, rien ne fonctionne. Meme après un « oui » franc et tranché, soyez sûrs qu’on ne vous a pas indiqué la bonne direction ou qu’on ne vous amènera pas le nombre de plat souhaité. On a appris à compter en chinois… c’est tout aussi efficace!
Et puis le bridé est cabochard. Il part bille en tête (oeillères bien collées aux tempes) vers son objectif et aucun raccourci utile ne l’en détournera. La sortie d’un métro se transforme systématiquement en mêlée : les têtus souhaitant monter font face aux autres têtus souhaitant descendre et, foutue réalité physique, on finit par se heurter. La traversée d’une rue est aussi significative : ils commencent par traverser et là, voyant sans doute que « oh! le revêtement a changé de couleur! » daignent jeter un regard aux trois files de voitures leur arrivant dessus en klaxonnant. Connaissant ce trait de caractère, on se plait à imaginer le petit Nico, défenseur de la Fraaôôôônce, faisant la leçon aux autorités à propos du Tibet. La bonne tranche de rigolade qu’ils ont du se payer! nb. je peux me permettre de parler un peu Tibet puisque de toutes façons, notre site est bloqué…
Au programme de nos journées fastidieuses, évoquons le palais d’été (un magnifique parc que notre con de pays a déglingué par deux fois fin XIXème), la visite express de la cité interdite (à voir une fois, plus pour l’aspect culturel que sa splendeur somme toute assez répétitive) et la place Tian’anmen (bis repetita) d’où vous pouvez découvrir le célèbre portrait du type qui se tape un nom de riz thaïlandais, Mao.
À un arrêt de métro de la place, le quartier de Wanfujing offre les mets les plus raffinés que l’on peut goûter : scorpions, larves, hippocampes, étoiles de mer, chauve-souris, serpents, etc. Évidemment c’est absolument dégueulasse et nous nous sommes testés sur les trois premiers susnommés : ça ne contient ni saveur, ni consistance (mmmh la bonne larve!) méritantes d’être découvertes.
En alternative plus soft et beaucoup plus alléchante, vous pourrez toujours vous régaler en dégustant un délicieux canard laqué cuit au feu de bois dans le restaurant Da Dong Roast Duck (classé meilleur restaurant de Pékin sur tripadvisor). Nous avions un peu peur en arrivant vu le standing du restaurant mais le prix de 20euros pour un canard de deux personnes avec desserts offerts… rien à redire. Adresse à recommander.
En ce qui concerne les activités nocturnes, nous ne pouvons vous en parler puisque nous avons préféré nous consacrer à des activités plus pieuses, sapientiales, en adéquation avec nos convictions profondes.
ps : pas de photos dans l’immédiat dans cet article et les suivants. La Chine n’aime pas internet et vice-versa. En attendant, vous pouvez tout de même les voir ici
Et ne zappez pas la dernière vidéo