Birmanie, deux semaines de break chez les Indiens
Comme prévu, nous partons 3 en Birmanie dans un pays qui s’annonce plutôt mystérieux. Peu de personnes s’y rendent, et nous n’en avons entendu parlé que via les histoires de Junte, d’Aung San Suu Kyi ou de Rambo 4 (le plus sanglant de tous, je le conseille pour les amateurs).
Depuis Bangkok c’est 45 minutes de vol mais aussi 1/2h de décalage horaire. Ça compte : on a faim à 11h30 et il faut décaler l’apéro.
Passées ces futilités, la première grande course à la négociation débute avec les chauffeurs de taxi pour rallier l’aéroport au centre-ville de Yangon (ou Rangoon). Et vue l’entente caractérisée de cet oligopole malsain on regrette dès le départ d’avoir laissé son vélo et il faudra s’acquitter de 9$. (nb. Yangon est l’ancien capitale que les dirigeants ont déplacé dans la nouvelle ville de Naypyitaw pour plus de sécurité).
La recherche d’un lit est le départ de la seconde grande course, avec nos congénères touristes, cette fois. Deux heures à chercher dans les ruelles toutes plus sombres et crasseuses les unes que les autres. Avec les cafards de notre premier restaurant et les chambres miteuses que nous trouvons, c’est ton sur ton.
Il n’y a aucun distributeur de billets dans le pays, et les fluctuations arbitraires du taux du Kyat fait qu’il est impossible d’en trouver ailleurs.
Il faut donc venir avec des dollars et bien prévoir assez pour toute la durée. Sinon, ça s’annonce difficile…
On change ensuite les dollars dans une banque ou dans la rue au black (plus intéressant mais le risque d’arnaque n’est pas négligeable, nous y avons échappé de peu). Dans tous les cas, les billets $ doivent être nickel. Attention c’est nickel-neufs, tout juste imprimés, pas une pliure, un bord abimé ou un début de déchirure. On s’est fait refoulé un 100US$ pour un coin corné d’1mm!
Il faut donc toujours conserver ses $ dans un bouquin, une poches rigides… c’est doucement chiant. Et impossible de savoir pourquoi.
Ils suffiraient qu’ils acceptent les $ usagés et tout irait bien, ils seraient pas plus pauvres…
Par contre les kyats, c’est la fête. On pourrait les brûler qu’ils en accepteraient les cendres.
Dans les rues les hommes se promènent tous avec une espèce de longue jupe à carreaux, un longji, et mâchent des noix de Betel, expliquant le sourire sanguinaire, toutes dents pourries.
Quelques jours passés à Yangon à entendre les moines brailler jour et nuit (depuis nos chambres) dans des haut-parleurs pour célébrer je ne sais quelle festivité, nous filons à Nyang U pour visiter les plus de 4000 temples de Bagan (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bagan). Nous en verrons quelques dizaines en vélo (qu’on a loué, ça fait un peu mal…), c’est bien, c’est beau, c’est pas cher quand on échappe aux contrôles à 10$ mais un peu redondant et l’hébergement pas spécialement bon marché.
Direction Mandalay, ville polluée, poussiéreuse, sale (tiens, ça devient une habitude) et évidemment… pas bon marché. Le gouvernement mettant ses grosses pattes un peu partout dans l’économie, c’est le bordel au niveau des prix, rien de bien étonnant.
Vite, il faut partir, et internet (quelle misère de ce côté là aussi) nous faisant miroiter le plus beau trajet en train du monde, nous voici embarqué dans une carriole sur rails aussi fluide qu’une charette sur un chemin vicinal. Et question paysage, OK, pas mal, mais ça laisse à désirer par rapport à ce qu’on attendait.
Nous sommes donc à Hsipaw, capitale de… rien. Non là y a vraiment rien. Quelques treks mais question originalité on peut trouver mieux. On reste tout de même quelques jours sur place à manger des plats au curry, samossa, de la bière du Myanmar et jouer avec les gamins du bled.
Où va-t-on bien pouvoir aller ensuite? Accompagnés depuis quelques temps d’un beau couillon d’Américain en voyage (profil type du pigeon) dont on peine à se défaire, je commence à zieuter les coins perdus des environs. Seulement c’est verboten : fighting area. Et là? Non là, interdit aux étrangers. Ici? Oui tu peux mais y a pas d’hôtels, et les habitants n’ont pas le droit de t’accueillir. Bon, par là-bas? Station balnéaire pour riches. Dernière chance, le petit coin au sud? Ah non, fermé depuis deux ans pour cause d’insurrection. Bon vous commencez à me les briser menu les Birmans! La décision est prise : retour à Bangkok et pas de lac Inle qui sentirait presque le traquenard à touristes.
Le pays est joli, c’est culturellement très différent des derniers pays visités, et tout plein d’autres compliments mais c’est invivable de toujours passer outre les contraintes qui ne devraient pas exister et d’avoir toujours tout à organiser d’avance. Finalement le meilleur moyen de visiter ce pays aurait été vélo et tente. C’est con, la première fois qu’on n’avait rien avec nous…